Le big data, vous connaissez ? Si ce n’est pas votre cas, ce qui va suivre vous en explique quelques points, à vous ensuite de décider si vous continueriez à utiliser internet sans vous poser de question… En tant qu’agence création site web, à Web Omega nous nous interrogeons souvent sur notre outil et terrain de travail, internet, et les méthodes appliquées par les grandes sociétés pour le perfectionner, dont la récupération de données.
À chaque divulgation concernant le big data, le monde du net s’emballe et les plus frileux crient au viol de la vie privée. Avec la dernière en date, par la voix de Ken Rudin, l’analyste en chef chez Facebook, encore un peu d’eau arrive dans ce moulin. Fin octobre, il a accordé une interview au Wall Street Journal concernant le nouveau traitement des données que le réseau social adopte pour « s’améliorer ».
Jusqu’à présent, ou du moins jusqu’à ce que Ken Rudin fasse cette révélation, deux types de données utilisées par les sociétés du net, pour optimiser leur contenu, étaient connus. Sur Facebook par exemple, il y a les données que vous entrez personnellement et volontairement : vos nom, prénom, date de naissance, lieu de résidence, employeur, numéro de téléphone… À moins d’être inscrit sous le nom de Kiki LeKiki, vous fournissez déjà pas mal d’informations, dites démographiques, aux analystes. Et encore ce ne sont pas les plus intéressantes pour eux. Le deuxième type d’informations, celui qui apporte de la matière au département de Ken Rudin, c’est celui que vous ne donnez pas volontairement, du moins pas consciemment, en sachant pertinemment que cliquer sur ce bouton va révéler une nuance de votre identité à Facebook. Il s’agit par exemple des pages que vous likez, de la navigation que vous effectuez entre les différentes pages du site, des profils que vous allez voir, combien de temps vous y restez, les pubs sur lesquelles vous cliquez, celles que vous bannissez… Voilà des informations comportementales qui servent à déterminer, justement, quelles pubs vont plus vous intéresser, quelles fonctionnalités du site vous n’utilisez jamais (donc potentiellement à retirer), quelles autres sont en essor et doivent être retravaillées, etc. Facebook vous propose de jouer à un jeu et cela vous agace, vous bannissez sa pub, le site comprend que vous n’en voulez plus et vous propose autre chose (des vêtements, des services de banque en ligne, de rencontres, etc.). À ce niveau-là déjà, la Commission nationale de l’information et des libertés en France, avec d’autres organismes de protections des données en Europe, tiquent et demandent des comptes à Google et d’autres sites, en plus de Facebook.
La nouveauté dont parle Ken Rudin, c’est que désormais Facebook va en plus de cela collecter des données comportementales inédites grâce à une nouvelle méthode. Il s’agit de traquer la position de votre souris, tout simplement. Cela est intéressant parce que la façon de lire sur internet est directement liée à votre curseur. Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais beaucoup d’entre nous suivent la ligne avec la souris, double-cliquent sur des mots à intervalles réguliers suivant leur lecture, en somme, dessinent des gribouillis différents selon l’intérêt qu’ils portent à une page. Facebook se propose d’analyser cela pour déterminer encore plus intimement vos désirs.
Vous ne naviguez que sur votre Smartphone ? Facebook y sera aussi pour collecter ces nouvelles données ! Pas via la souris, puisqu’il n’y en a pas, mais le zoom que vous appliquez sur les pages, quand vous vous intéressez à un texte, une photo… Ces nouvelles informations comportementales ont officiellement pour but d’aider les analystes à rendre leur site plus performant, mais comme pour Google qui se fait régulièrement épingler par les associations et les pouvoirs publics sur l’obscurité autour de la collecte de données, Facebook pourrait s’en servir pour grossir purement et simplement sa data base.
Et là réside toute l’absurdité du processus. Trouver de nouveaux outils et algorithmes d’analyse de la navigation, pour optimiser la technologie, est une démarche positive. Vouloir progresser est toujours bon, si l’élan qui motive la recherche est d’améliorer le quotidien, ou trouver d’autres applications à ces nouveautés. Or il ne s’agit en ce moment que du niveau bas du progrès, c’est-à-dire que d’une part cela va servir à nous noyer sous des pubs plus ciblées, d’autre part cela va juste remplir une banque de données dont on ne sait pas trop à quoi elle va servir (ni les analystes eux-mêmes) mais dans le doute on le fait parce que ça peut avoir un jour une utilité. Un peu comme un accumulateur compulsif conserve tous ses jouets Kinder… Et vous, voulez-vous être un jouet Kinder ?
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