L’IPv6, c’est maintenant !

Ca y est, le nouveau protocole d’adressage IP, dit IPv6, est entré en fonction à 00h01 hier matin. Si vous n’avez pas compris grand-chose à la phrase précédente, c’est que vous avez besoin de lire la suite de notre article où nous verrons ce qu’est une adresse IPv6, pourquoi il fallait évoluer vers l’IPv6 et ce que cela changera concrètement… !

Qu’est-ce que l’IPv6 ?

Présentation de l’IPv6

L’IPv6 comme dit en introduction est le nouveau protocole d’adressage IP. Lorsque vous allez sur le site du moteur de recherche de Google, sur le site de création de sites Internet Web Omega ou sur n’importe quel autre site, vous vous connectez grâce à votre adresse IP, à une autre adresse IP, celle du serveur hébergeant le site en question. Google.fr par exemple est le nom d’un serveur. Ce serveur a une adresse IP avec laquelle vous communiquez grâce à votre adresse IP à vous. La communication entre votre ordinateur (ou votre Smartphone/Tablette) a lieu grâce à un certain protocole. Il s’agit d’une sorte de langage compris par les deux appareils pour pouvoir échanger. C’est comme lorsque vous rencontrez quelqu’un dans la rue, vous pouvez communiquer si vous parlez la même langue, c’est-à-dire si vous partagez un même « protocole de communication ». De la même façon qu’on ne peut discuter avec un chinois sans en connaître la langue, les protocoles de communication pour les machines sont très importants si elles ont besoin de « dialoguer » ! L’IPv6 est donc en fait la dernière version du protocole de communication Internet : une langue comprise par toutes les machines connectées à Internet (enfin pas encore puisque l’IPv6 est encore largement minoritaire par rapport à l’IPv4… L’IPv4 ? Lisez donc la suite !)

Qu’y avait-il avant l’IPv6 ?

Avant l’IPv6, il y « avait » l’IPv4 (l’IPv5 n’a pas été démocratisé). L’IPv4 est très loin d’avoir disparu et les deux protocoles devraient cohabiter pendant plusieurs dizaines d’années. L’IPv4 est le protocole utilisé depuis les débuts d’Internet. A l’origine, il y avait une poignée d’appareils connectés, c’est pourquoi on avait pensé que l’IPv4 était un bon compromis : il proposait un peu plus de 4 milliards d’adresses, et on ne pensait pas à l’époque qu’un jour ce serait insuffisant. Une adresse IPv4 est une adresse faisant appel à 4 octets. Chaque octet faisant 8 bits, cela fait donc 32 bits. Une adresse IPv4 est donc du type :

11001100 00001101 11110000 10011100

Mais ce n’est pas très facile à lire (même avec les espaces qu’on a gracieusement ajoutés !), alors on préfère écrire chaque octet en décimal. Un octet peut prendre 256 valeurs décimales : de 0 à 255.

L’adresse IP écrite plus haut peut donc s’écrire (en séparant par des points) :

204.13.240.156

Quand on navigue sur Internet, on n’a jamais affaire directement à des adresses IP. On a plutôt à faire à des noms plus faciles à manipuler et dont on se souvient plus aisément, comme par exemple google.fr ou webomega.fr… Mais ce nom correspond juste à une adresse IP. Des serveurs DNS (Domain Name System) transforment les adresses IP en adresses littérales et vice versa. Ainsi, on n’a pas à retenir des adresses IP, mais simplement des noms beaucoup plus faciles à manipuler car écrits dans notre langue. L’IPv4 a donc laissé aujourd’hui sa place à l’IPv6 (sans pour autant disparaître) qui devrait peu à peu devenir le protocole le plus utilisé.

Qu’est ce qui change et pourquoi fallait-il changer ?

Manque d’adresses IPv4

Le problème majeur de l’adresse IPv4 est qu’il ne fait appel qu’à 4 octets. Avec 4 octets on peut adresser 2^32 machines environ. Ça a l’air énorme, mais ce n’est plus suffisant à l’échelle du monde ! La Terre comporte 7 milliards d’habitants et 2^32 vaut environ 4 milliards… Il y a un peu plus d’un 1 milliard d’appareil connectés dans le monde donc ça devrait apparemment suffire. Pourtant, depuis plusieurs mois déjà, il n’y a plus d’adresses IPv4 disponibles, elles ont toutes été distribuées : aux débuts d’Internet, on distribuait des paquets d’adresses IP. Il y avait plusieurs types de paquets, des paquets comportant 16 millions d’adresses IP, des paquets en contenant 65536 et des paquets en contenant 256… Les paquets contenant 16 millions d’adresses IP ont été distribués aux premiers grands acteurs de l’Internet, et on a en quelques sortes gaspillé des adresses IP en donnant des paquets énormes à des entreprises qui n’avaient pas du tout besoin d’autant d’adresses IP. Ainsi, même si théoriquement on avait plus de 4 milliards d’adresses IP disponibles, on a en réalité beaucoup moins de possibilités ! C’est pourquoi le passage à l’IPv6 était nécessaire même si des mesures ont été prises pour stopper le gaspillage des adresses IPv4.

Comment écrire une adresse IPv6 ?

Une adresse IPv6 est une adresse comportant 128 bits. C’est 4 fois plus qu’une adresse IPv4. 128 bits correspondent à 16 octets. Pour plus de commodités, on écrira une adresse IPv6 sous la forme de 8 groupes de 2 octets et chaque octet sera écrit en base hexadécimale. On a déjà expliqué qu’un octet pouvait prendre 256 valeurs, de 0 à 255. En hexadécimal, il suffit de deux caractères (les caractères permis en hexadécimaux sont les 10 chiffres et les six premières lettres de l’alphabet) pour coder un octet. Ainsi, une adresse IPv6 pourrait par exemple être :

2002:6895 :abcd :dcb5 :5a6b :200a :910a :aab6

Théoriquement, on a donc 2^128 adresses disponibles, soit presque 10^40 adresses. Ce nombre est colossal et devrait permettre de nouveaux usages.

Nouvelles possibilités

Nombre de nouvelles possibilités sont offertes grâce à cette abondance d’adresses IP. Selon certains spécialistes du secteur, cela devrait changer énormément de choses dans le domaine de la domotique, beaucoup plus d’appareils pourront être connectés. Ainsi, on pourra par exemple avoir sa cafetière connectée à Internet avec sa propre adresse IP et on pourra commander son café depuis son Smartphone !

Des perturbations en vue ?

L’an dernier, un évènement d’envergure internationale avait permis de mettre en place l’IPv6 dans le monde pendant une journée : l’IPv6 Day. De grands acteurs de l’Internet comme Google, Microsoft, Yahoo ou Free avait déjà une bonne partie de leur matériel prêt pour l’IPv6. Quelques perturbations ont été enregistrées, mais ceci a concerné une minorité de personnes, moins de 0.5% selon Yahoo. Les perturbations étaient dûes au fait que des internautes sous le protocole IPv4 cherchaient à se connecter sur les serveurs IPv6 des acteurs cités précédemment. Pour ce faire, une conversion d’adresse IP est nécessaire et peut prendre du temps, ce qui peut expliquer les latences observées pour certaines personnes dans la consultation de certains sites. Globalement, la navigation ne devrait pas être plus difficile avec l’arrivée de l’IPv6 pour les internautes même avec la cohabitation des deux protocoles qui devrait durer environ 20 ans.

Conclusion

L’arrivée de l’IPv6 ne devrait pas changer beaucoup de choses dans un avenir proche dans la mesure où ce protocole est encore loin d’être majoritaire. Néanmoins, on aura accès à de nombreuses possibilités supplémentaires notamment dans le domaine de la domotique d’ici quelques années. Nul doute que l’IPv6 est une grosse révolution technologique !

Auteur : Jérôme Chaaban